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Compréhension en lecture difficile

(source image et devinettes ici)

Lire est un processus en deux étapes : identifier les mots puis comprendre ce qu'on lit. 



D'autre part il existe des compréhensions particulières, des compréhensions de consignes scolaires, certains codes à connaître pour lesquels on n'essaiera pas toujours de savoir si vous avez compris ou si vous avez suivi un chemin parallèle... Hélas trop souvent j'entends un étiquettage de pseudo incompréhension ou un avertissement de "certainement dys" alors que le problème n'est pas là...


Au fil de mes pratiques, au fil de mes lectures, au fil des échanges et observations, j'ai pu constater que des difficultés pouvaient apparaître dans les cas suivants : 



Pour les plus jeunes
  • Enfant simplement pas prêt psychologiquement. Un enfant peut ne pas avoir envie de lire seul parce qu'il estime avoir mieux à faire, parce qu'il craint de ne plus entendre d'histoire lue, parce qu'il n'a pas envie d'être le grand qu'on lui serine qu'il doit être. 

  • Enfant pas prêt physiologiquement. Les enfants ne sont pas prêts au même âge pour marcher ou parler, pourquoi le seraient-ils au même âge pour lire et comprendre ce qu'ils lisent ? C'est d'autant plus vrai lorsqu'on compare non pas un âge, mais une classe ! Oubliant qu'un enfant né en mars aura 6 ans 1/2 en début de CP quand un enfant né en décembre aura 5 ans et 9 mois ! Si on se montre patient, les écarts deviennent moins évidents, mais n'oublions pas cette évidence trop souvent négligée. Cela pourra être valable pour l'entrée en lecture et pour la compréhension plus implicite. L'abstraction est également une notion plus difficile à saisir pour les plus jeunes dans les classes. Mais là encore les écarts de mois se feront plus discrets au fil du temps. 

  •  Le rythme personnel de l'enfant est fondamental. Si l'enfant n'est pas prêt au moment où on lui présente la connaissance qu'il est censé acquérir, il risque de se bloquer, de perdre confiance en lui-même. En IEF nous sommes nombreux à avoir constaté qu'une notion non assimilée à un moment M l'était sans effort à un moment plus tardif ! A ce propos je vous invite à lire ce passage :
    "Un résultat complètement inattendu (de l’étude) était le nombre d’enfants qui commençaient à lire  » tardivement « , aussi tard que 10 ou 11 ans. Il était encore plus étonnant de constater que le fait de lire tard n’avait, autant qu’il est possible de le vérifier, aucun effet adverse sur le développement intellectuel, l’équilibre, ou l’acquisition ultérieure d’une lecture efficace. En général, ces lecteurs  » tardifs  » rattrapaient très vite et dépassaient le niveau de lecture correspondant à leur âge et, comme d’autres enfants éduqués à la maison, aimaient lire." (Etude d'Alan Thomas sur des familles non scolarisantes, extrait à découvrir ici.) 
Notre monde est pressé, l'école est pressée, les enfants scos sont pressés comme des citrons pas toujours arrivés à maturation... 

Temps et autre approche peuvent pourtant résoudre bien des difficultés.
  •  Méthode inappropriée : Les enfants ne fonctionnent pas tous à l'identique, ils n'apprennent donc pas tous de la même façon. La méthode globale est à juste raison généralement critiquée, la méthode semi-globale a également des effets négatifs (voir article ), elle est pourtant souvent utilisée...

Pour tous :
  • Difficultés liées à un fonctionnement autre (handicap) 

  • Dyslexie (simplifier les consignes, se servir de l'outil proposé ici  pourra alors être utile).

  • Problème de formulation ! Avant de remettre en question l'enfant, il suffit parfois de remettre en question le support. Ainsi les phrases à rallonge où l'on trouve deux ou trois verbes lorsqu'un seul suffirait, des mots bien inutiles où l'on finit par se dire "mais où veut en venir le demandeur ?" créent des difficultés bien inutiles.
Un exemple précis :

"Combien de temps faut-il compter pour aller visiter le château ? »

Tout adulte que je suis (et non dyslexique de surcroît), il m'a fallu relire à plusieurs reprises cette consigne alors qu'il aurait été plus simple de dire


« Combien de temps faut-il pour visiter le château ? "

En effet "compter" suppose un calcul alors qu'il n'y en avait pas, la réponse était dans le texte !  Pourquoi ajouter "aller" à "visiter" ? "Aller" suppose une idée de mouvement donc on pouvait légitiment se demander s'il fallait prendre en compte le trajet + la visite ou seulement la visite ? 

Le problème n'est clairement pas un problème de compréhension mais de formulation ! 

Un enfant dys sera perdu parmi les mots se demandant où est l'idée principale, celui-ci aura faux. Un enfant non dys mais qui n'a pas encore acquis l'habitude des questions de compréhension ou un enfant qui pense trop ou un enfant qui essaie tout simplement de s'appliquer sera tout simplement perdu également ! 
Proposez lui plusieurs questions de ce type où il obtiendra des "n'a pas compris" et vous arriverez à la situation suivante : 

  • Perte/Manque de confiance en soi 
que ce soit à cause de circonstances extérieures (évènements de la vie, enfant naturellement exigeant avec lui-même, etc.) 
ou d'un diagnostic erroné (pseudo dys à cause d'un problème de méthode ou de consignes trop souvent mal formulées ou non prise en compte du profil de l'enfant (tout le monde n'apprend pas visuellement et certains auront VRAIMENT besoin de manipuler), ou tout simplement d'un enfant pas prêt !)

  • Encore une fois manque d'attention  portée aux mots de l'énoncé par le créateur de l'énoncé, valable en particulier pour les enfants qui analysent tout. 
Par exemple :
"A peine le bouton enfoncé, l'appareil se mit à rugir bruyamment. Tout, sur son passage, fut avalé : les miettes de pain, de gâteaux, les toiles d'araignée le long des poutres, les poils de Mistigri. Les petits graviers cliquetaient dans les tuyaux lorsqu'ils étaient happés par le tourbillon."Cette machine rugissante est la reine du ménage" se dit Philomène la sorcière."
Une question en apparence facile puisqu'il s'agit de trouver l'aspirateur. Mais certains enfants resteront bloqués sur "les tuyaux" puisqu'un aspirateur a un seul tuyau, ils penseront alors à un piège et certains sont ainsi capables d'écrire une réponse fausse puisqu'il leur semblera qu'il ne faut surtout pas parler d'aspirateur. Une mauvaise interprétation du correcteur sera de penser qu'il ne maîtrise pas la compréhension de textes... je l'ai hélas constaté à plusieurs reprises avec un correcteur n'ayant pas demandé pourquoi l'enfant avait répondu autre chose... 
  • Consigne semblant illogique ou "bête"
Cela se produit notamment lorsqu'il y a eu une première question et que la réponse 2 semble découler de la première alors qu'en réalité il faut faire abstraction de la réponse 1 ou bien une seule question est posée mais elle est tellement facile/évidente que certains enfants répondent tout autre chose, pensant que ça ne peut pas être ça, qu'il suffit de lire !
  • Ennui 
Le jeune a déjà répondu à plusieurs questions plutôt évidentes et d'autres l'attendent encore. Dès la 2e ou 3e question certains jeunes décrochent, ne prennent plus la peine de lire la consigne en entier ou le texte et ils écrivent n'importe quoi. De courtes interférences et des questions plus intéressantes peuvent éviter ce souci.

  • Enfant ou jeune qui lit trop vite  
Il ne prend pas le temps de lire la consigne convenablement. Par ennui, par envie de faire autre chose ou par souci dys. Dans tous les cas s'il veut obtenir de bonnes réponses, il devra apprendre à prendre son temps, à chercher les indices. Pour certains enfants, surligner les mots clés sera très utile. Pour d'autres, une présence à leurs côtés ou tout au moins un rappel "prenez le temps de lire la consigne et le texte" peut également être utile. Tant qu'ils n'y verront pas un véritable intérêt, il est à craindre qu'il y ait des difficultés, difficultés qui peuvent aussi être liées à une perte de confiance en soi car même si au début l'enfant allait simplement trop vite, il peut rapidement en déduire qu'il est trop nul pour y parvenir. Là encore patience et ré-assurance seront indispensables.
  • Besoin de manipuler et/ou d'oraliser : dans ce cas, flèches, découpage, manipulation de textes avec passages à replacer dans l'ordre ; oralisation pour les questions, etc. seront des outils à ne pas négliger.

Comment améliorer la compréhension en lecture et les inférences 
 
  • Bien choisir supports et consignes et donc savoir se remettre en question : l'enfant n'a-t-il pas compris ou est-ce que le support était inadapté, mal formulé ? 
  • Donner du temps !
  • Valoriser les réussites et ne pas trop vite diagnostiquer une difficulté dys alors qu'il peut s'agir d'une difficulté passagère ou d'un mode de fonctionnement particulier. Ainsi à plusieurs reprises on a pré-diagnostiqué des jeunes que j'accompagnais, les ayant accompagnés et questionnés, j'avais pu constater que c'était telle ou telle particularité ou bien plus souvent encore les questions posées qui posaient problème. Or après décorticage de ces questions (par exemple "oui je comprends que la question t'ennuie mais ta note sera liée au fait que tu te serves de ton intelligence pour répondre à tout y compris aux questions que tu trouves bêtes car oui on attend de toi une réponse qui te semble évidente et trop facile") ou questions plus intéressantes, les enfants en question ont obtenu d'excellents résultats... 
  • Ne pas se contenter des textes écrits avec questions types mais varier les supports, questions et approches afin de maintenir l'intérêt et de permettre à un maximum d'apprenants de répondre en utilisant son propre mode de fonctionnement.
Pour ceux qui cherchent des textes avec des interférences, Elise en propose plusieurs là. 
Sur le blog billets autour de la dyslexie ici.
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